vendredi 7 juin 2019

JE ROULE DANS LA NUIT


JE ROULE DANS LA NUIT
texte et musique: JJ DEBOUT

Je roule dans la nuit sous une pluie d'étoiles
 Je roule dans un train qui me conduit vers toi 
 Ma course est bien finie, j'ai replié la voile
 De mon pauvre bateau qui s'ennuyait de toi

 Je roule dans la nuit qui m'apparaît profonde 
 Et je me sens ému au plus profond de moi 
 Je vois un sémaphore, je vois passer des ombres 
 Je roule dans un train qui me conduit vers toi 

 Je roule dans la nuit, je vois un uniforme 
 C'est un soldat qui part rejoindre son drapeau 
 Une mère qui pleure, un enfant qui s'affole 
 Moi, je roule vers toi, que tout me semble beau !

 Je roule dans la nuit, je croise des machines
 Qui déchirent le vent et qui hurlent à la mort 
 Je vois un cimetière et je vois des usines 
 Et l'aube se lever sur ce triste décor 

 Je roule dans la nuit sous une pluie d'étoiles 
 Je roule dans un train qui me conduit vers toi
 J'aperçois ton clocher dans le matin si pâle
 Et voici cette gare où tu m'attends déjà

LE VILLAGE QUE J'AI TANT AIME (The Town I loved so well)



Elle est née d'une ferme tout en haut d'un rocher
Cette ville que j'ai tant, tant et tant aimée
Du lavoir à l'hiver, de l'église à l'été,
Les siècles s'enchaînaient aux années...


Ils avaient les moissons pour vacances l'été
Et les femmes saignaient sur le lin des rouets
Et la pluie tombait blanche sur les toits ardoisés
Dans La ville que j'ai tant aimée


On y venait de Nantes les dimanches d'été
Avant qu'elle ne soit grande quand notre siècle est né
Chemises et robes blanches les jardins ouvriers
Fleurissaient sous des ciels de pommiers


C'est la fin de l'enfance et nous avons dansé
Dans l'école un dimanche, il y a six années
Le soleil a brillé sur les toits ardoisés
De La ville que j'ai tant aimée


Et les filles riaient et les hommes buvaient
La ville était adulte et les arbres chantaient
Et puis une aube grise un matin s'est levée
L'herbe rouille et l'aubier est gelé


Ils ont tout brisé, balayé et brûlé
Ils ont tout interdit tout arraché
Et la pluie tombe noire sur les toits ardoisés
De La ville que j'ai tant aimée


J'y ai vu un gamin en costume arlequin
Peindre un arbre bleuté dans un étang gelé
Nous avons su apprendre aux enfants à rêver
Dans la ville qu'ils ont tant aimée

JE N'AIME PAS DORMIR




Je n’aime pas dormir quand ta figure habite,

La nuit, contre mon cou ;

Car je pense à la mort laquelle vient si vite,
Nous endormir beaucoup.

Je mourrai, tu vivras et c’est ce qui m’éveille !
Est-il une autre peur ?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton cœur.

Quoi, ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d’où notre corps à deux têtes s’allonge
Par quatre pieds fini.

Puisse durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l’ange chargé de poursuivre ma voie
Allège mon destin.

Léger, je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.

Cette tête coupée, allée en d’autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.

Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu’à ma mort.

Je mourrai, tu vivras et c’est ce qui m’éveille !
Est-il une autre peur ?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton cœur.

Je n’aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient si vite,
Nous endormir beaucoup.

CHANSON POUR UN PEUPLE PERDU






Les mots tissent notre infini
Sans que la trame se dévoile
Nés pour la gloire ou pour l'oubli
Comme la cendre des étoiles

La chanson qu'aujourd'hui je chante
Est née des sables du rêve
Quand j'écrasais les humbles plantes
Avançant à contre-courant

Sommes-nous à jamais perdus
Sous un ciel absurde et sans âme
Ou serons-nous bientôt rendus
Au pays où gît la flamme?

Qui saura dire où sa lumière
Au fil du temps nous conduira
Quand la neige crépusculaire
Aura dissimulé nos pas?

La main de la nuit nous retient
Pourtant l'aurore nous soulève
Et l'espérance nous soutient
Sur le sentier comme une sève



Sommes-nous à jamais perdus

Sous un ciel absurde et sans âme
Ou serons-nous bientôt rendus
Au pays où gît la flamme?

Nous avons tellement marché
Que nos pieds réclament l'escale
Et si nous avons tant péché
Ce n'est point faute d'idéal



Dans la nuit roule l'Odyssée

Les Dieux renaissent de l'écume
A chaque épreuve traversée
Notre espérance se rallume



Sommes-nous à jamais perdus

Sous un ciel absurde et sans âme
Ou serons-nous bientôt rendus
Au pays où gît la flamme?


L'ABSENCE





C'est un volet qui bat

C'est une déchirure légère
Sur le drap où naguère
Tu as posé ton bras
Cependant qu'en bas
La rue parle toute seule
Quelqu'un vend des mandarines
Une dame bleu-marine
Promène sa filleule
L'absence, la voilà

L'absence

D'un enfant, d'un amour
L'absence est la même
Quand on a dit je t'aime
Un jour... 
Le silence est le même

C'est une nuit qui tombe
C'est une poésie aussi
Où passaient les colombes
Un soir de jalousie
Un livre est ouvert
Tu as touché cette page
Tu avais fêlé ce verre
Au retour d'un grand voyage
Il reste les bagages
L'absence, la voilà

L'absence

D'un enfant, d'un amour
L'absence est la même
Quand on a dit je t'aime
Un jour... 
Le silence est le même

C'est un volet qui bat
C'est sur un agenda, la croix
D'un ancien rendez-vous
Où l'on se disait vous
Les vases sont vides
Où l'on mettait les bouquets
Et le miroir prend des rides
Où le passé fait le guet
J'entends le bruit d'un pas
L'absence, la voilà

L'absence

D'un enfant, d'un amour
L'absence est la même
Quand on a dit je t'aime
Un jour... 
Le silence est le même.


LA FILLE DU NORD (Girl from the North Country)




Si tu passes là-bas vers le Nord

Ou les vents soufflent sur la frontière
N'oublie pas de donner le bonjour
À la fille, qui fût mon amour

Si tu croises les troupeaux de rennes
Vers la rivière à l'été finissant
Assures-toi qu'un bon châle de laine
La protège du froid et du vent

A-t-elle encore ses blonds cheveux si long
Qui dansait jusqu'au creux de ses reins
a-t-elle encore ses blonds cheveux si long
C'est comme ça que je l'aimais bien

Je me demande si elle m'a oublié
Moi j'ai prié pour elle tous les jours
Dans la lumière des nuits de l'été
Dans le froid du petit jour.

Si tu passes là-bas vers le Nord
Ou les vents soufflent sur la frontière
N'oublie pas de donner le bonjour
À la fille, qui fût mon amour

jeudi 6 juin 2019

MA TERRE

Retour aux sources, inévitablement.



Un matin on m’a dit «faut-y faire»
Un matin on m’a dit «faut partir»
«C’est fini de rêvasser sur tes souvenirs
Va en ville c’est ça l’avenir»

Alors moi, je l’ai quitté, ma terre
Celle qui connue mes premiers pas
Elle était un peu aride je ne le nie pas
Mais c’était la terre de chez moi

Tu sais ma terre
Tu restes collée à ma peau
Bientôt ho ho ho
Je viendrais vers toi de nouveau

Pour sûr que c’était l’idée du Maire
De tout faire démolir par chez moi
Y-a quelqu’un qui en revient, paraît que là bas
Même les vieux sont d’accord pour ça

Ils veulent bâtir dessus, ma terre
Mais pour ça il faut paver le blé
A croire qu’ils ont oublié l’odeur de l’été
Quand le soir, le foin est rentré

Tu sais ma terre
Tu reste collée à ma peau
Bientôt ho ho ho
Je viendrais vers toi de nouveau

Ils veulent rejeter les vielles pierres
Et détourner le cours du ruisseau
A savoir s’ils n’iront pas chasser les oiseaux
Et cacher le ciel d’un rideau

Alors je vais revenir, ma terre
Car la ville n’a pas besoin de moi
Et crois bien si longtemps que je serai là
Ils ne pourront rien contre toi

Tu sais ma terre
Tu reste collée à ma peau
Bientôt ho ho ho
Nous serons heureux de nouveau.


QU'AS TU APPRIS A L'ECOLE?




Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

J'ai appris qu'il n'faut mentir jamais
Qu'il y a des bons et des mauvais
Que je suis libre comme tout le monde
Même si le maître parfois me gronde
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

Que les gendarmes sont mes amis
Et tous les juges très gentils
Que les criminels sont punis pourtant
Même si on s'trompe de temps en temps
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

Que le gouvernement doit être fort
A toujours raison et jamais tort
Nos chefs sont tous très forts en thème
Et on élit toujours les mêmes
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

J'ai appris que la guerre n'est pas si mal
Qu'il y a des grandes et des spéciales
Qu'on s'bat souvent pour son pays
Et p't'être j'aurais ma chance aussi
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

GUE VIENS NAVIGUER